Sciences et
Savoirs Équestres

Le Bien-être animal: définitions, historique, réglementation et éthique

Ce premier sujet choisi est pour moi très important pour pouvoir ensuite parler de pratiques équestres et de connaissances scientifiques. La notion de bien-être animal est primordiale et conditionne tout propos et articles du SSE car elle restera la ligne directrice et la philosophie du site. D'un point de vue général, le bien-être est simplement la base d'une bonne relation avec l'animal et surtout la base d'un équilibre psychologique, comportemental, physiologique et physique. Tout problème rencontré dans la relation homme-cheval est souvent dû à un critère manquant au bien-être de l'animal.

Le bien-être est d'un point de vue général le respect des besoins physiques et psychologiques ainsi que des comportements vitaux propres à l'espèce. On peut résumer la définition du bien-être par un environnement adapté à l'espèce en question.

Afin de donner plus de détails, trois approches sont décrites par des éthologistes et physiologistes pour définir ce concept :
- l'harmonie avec son environnement naturel. Elle satisfait tout comportement normal et complet, c'est-à-dire qu'elle respecte les comportements alimentaire, sexuel, territorial et social. L'individu est libre de choisir dans son milieu.
- l'adaptation. C'est l'ensemble des efforts que fait l'animal pour surmonter les difficultés de son environnement. Le bien-être correspond donc au moindre effort possible ; Et si l'environnement le demande, les efforts réalisés permettent de s'adapter à la situation pour pouvoir satisfaire les besoins et la survie. C'est une valeur adaptative au stress.
- l'absence de souffrance. Elle peut être directe ou indirecte. L'animal ne présente pas de douleur ni d'anxiété et tous ses besoins physiologiques sont couverts.

Ces trois points forment de façon complémentaire la notion de bien-être animal dans tous les aspects, aussi bien pour les animaux sauvages que ceux domestiqués. Que ce soit pour l'humain ou l'animal, la domestication n'est pas obligatoire mais est avantageuse pour les deux parties. Cette relation correspond au mutualisme : l'animal trouve protection, soins, nourriture et gîte et l'homme trouve une utilisation de celui-ci comme l'agriculture, la pratique sportive ou encore la compagnie. Bien qu'elle soit avantageuse pour l'animal, cette vie en communauté entre espèces a des limites pouvant nuire au bien-être telles la "sur-utilisation" et la "surprotection". J'imagine que la sur-utilisation reste assez imagée, mais concernant la surprotection, il est intéressant de donner quelques exemples. Le surplus d'alimentation entraîne un déséquilibre nutritionnel et physiologique induisant des maladies (une des causes du syndrome métabolique notamment) ou - dans le cas des chevaux - l'utilisation abusive et non raisonnée de couvertures (comme le but de garder son cheval "propre"!) peut provoquer un sensibilité et une augmentation des risques de maladies. Bien que cela puisse venir de bonnes intentions, il faut être conscient de ne pas tout anthropomorphiser car nos besoins et comportements restent différents.

Il est agréable de noter que la notion de bien-être est devenue un intérêt non négligé voir primordiale, mais aussi contrôlée. Le terme d'"être sensible" qualifiant l'animal est pour la première fois utilisée en 1755 par J.J. Rousseau, témoignant que nul homme n'a le droit de faire "du mal à un autre homme ni même à aucun être sensible, excepté dans le cas légitime où, sa conservation se trouvant intéressée, il est obligé de se donner la préférence à lui-même"(Rousseau, 1755). Le philosophe Bentham poursuit cette réflexion en 1789 déclarant que le fait d'infliger des souffrances envers un animal capable de ressentir la douleur n'est pas un acte moralement neutre (Bentham, 2011). La première loi de protection des animaux a été promulguée le 2 juillet 1850 (dite aussi loi Grammont). La réflexion sur l'éthique animale continue en 1975 par Singer dans son ouvrage "Animal liberation" (Singer, 1975). Pour les animaux d'expérimentation, une première directive réglemente en 1986 les échanges commerciaux et la protection animale, notamment avec des normes de soins et d'hébergement. Ce n'est qu'en 1997 qu'il est reconnu que les animaux sont des êtres sensibles par le traité d'Amsterdam du Conseil européen. Il reconnaît la sensibilité émotionnelle de l'animal, et qu'il faut minimiser les émotions négatives et maximiser celles positives. En expérimentation animale, Russell et Burch instaurent en 1959 la règle des 3R (Remplacer, Réduire, Raffiner)(Russell and Burch, 1759), qui signifie que si l'animal d'expérimentation peut être remplacé par une alternative, ou si le nombre d'animaux peut être réduit et si les sources de douleur ou de détresse peuvent être déterminées et raffinées pour améliorer leur conditionnement.

Suite à ces définitions et réglementations, le bien-être d'un point de vue scientifique est la prise en compte du tempérament et des capacités cognitives de l'animal. En tenant nos propos axés maintenant sur le cheval, il en découle une meilleure connaissance de l'animal stimulant une meilleure santé et une meilleure performance, ainsi qu'une sécurité pour tout amateur ou professionnel du milieu équin. Cette connaissance permet une compréhension de cet être sensible rendant une amélioration de la relation inter-espèces. La notion de bien-être dans l'approche et la pratique équestre a été introduite et développée scientifiquement en 2006 par McGreevy et McLean instaurant les principes d'entraînement du cheval (McLean and McGreevy, 2006). Ils ont été validés et appliqués par l'ISES (International Society for Equitation Science).

Pour terminer par une note morale, le bien-être se résume au plaisir mutuel du couple homme-cheval, à une relation sans conflits, sans souffrance, sans peur et sans stress. Les chevaux, de par leur capacités cognitives et leur rapidité d'apprentissage, sont capables d'exprimer leur non-coopération et non-désir. Il est à l'humain d'identifier la cause du conflit mais aussi de faire appel à l'autocritique et au bon sens, afin de devenir un réel partenaire dans le respect et le partage.

Références

Balida & Chloé

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