Sciences et
Savoirs Équestres

Box vs Pré

Il est juste que le cheval retenu en box témoigne de privations sociales, sensorielles, cognitives, d'espace. Mais attention, il peut être tout aussi mal de laisser son cheval sans abris dans un pré, les rhumes existent aussi chez les chevaux pouvant donner suite à des complications. De plus, les prés peuvent être soit trop pauvre soit trop riche en alimentation, et une bonne gestion du pâturage se doit d'être saine et pérenne.

Rappelant qu'un cheval est un herbivore monogastrique ayant un estomac et intestin grêle plutôt de petite taille lui impliquant une alimentation lente, fréquente et par petites quantités, il est donc important de respecter un fourrage ad libitum afin que le cheval puisse répondre correctement à ses besoins nutritionnels comme à son état naturel. Les chevaux à l'état sauvage ou en stabulation libre avec foin et paille à volonté ont le même profil de gestion du temps : ils passent environ 60% de leur temps à manger (entre 15 et 16 heures), 20% debout, 10% couché, 10% pour les autres activités. Un cheval restant au box avec foin et paille à volonté mais avec possibilité de contacts avec d'autres chevaux montrent 47% de leur temps à manger, 40% debout, 10% couché et 3% pour les autres activités. Un cheval au box n'ayant pas de contact avec d'autres congénères avec restriction de foin témoigne seulement 15% du temps à manger, 65% debout, 15% couché (Duncan, 1980; Kiley-Worthington, 1999). Tenant compte des besoins nutritionnels et physiologiques, il n'est donc pas étonnant que le manque de fourrage augmente le risque d'ulcères gastriques. Les chevaux possèdent un estomac dont les sucs gastriques sont sécrétés en continu et c'est pour cette raison qu'ils doivent toujours avoir quelque chose dans l'estomac.

Autre point de la définition du bien-être, il faut que le cheval ait la possibilité de faire les comportements propres à son espèce, comme par exemple se coucher, se lever, se gratter sans contraintes d'espace et avoir une liberté de mouvements. Les conditions physiques permettent une bonne réponse physiologique de l'organisme. La privation des mouvements induisent notamment des troubles et problèmes musculosquelettiques. La dimension minimum d'un box est préconisé à 9 m² selon les haras nationaux.

Par ailleurs le box peut être nuisible à la santé de l'animal si l'on tient compte du "foraging" (la recherche et choix de nourriture). Comme pour les humains, la variabilité de l'alimentation est très importante d'un point de vue sensoriel (le goût, le toucher, l'odeur, la texture...). Il peut aussi être envisageable de proposer différents aromes, ou différents fourrages comme l'a montré Thorne et al. (2005) augmentant aussi le temps de prise alimentaire. On parle alors d'enrichissement pour les chevaux aux boxes, introduisant aussi des objets pour l'augmentation des stimulations sensorielles. Mais ce qui est essentiel dans le comportement de foraging, c'est que les chevaux font preuve d'auto-phytothérapie ! Notamment pour l'équilibre d'oligoéléments et les minéraux, ils témoignent d'une stratégie alimentaire en fonction des besoins et des carences, et ceci adapté à chaque saison (Van Den Berg, 2016). Il peut être possible pour un cheval au box de compenser ses manques par des granulés, des préparations phytothérapiques ou encore des apports de divers plantes, fruits ou légumes (même s'il reste difficile de satisfaire aussi bien qu'un cheval ayant la libre possibilité de choisir ses aliments...).

Un pré avec abris en accès libre reste un bon compromis

Vient la question du lien social, totalement primordial pour l'espèce équine. Une récente étude montre que les chevaux isolés individuellement témoignent d'un taux de stress plus élevé comparé aux autres chevaux en boxes mais ayant des contacts physiques ou en boxes collectifs (Yarnell et al., 2015). Les liens sociaux ne doivent pas être oubliés pour les étalons, bien au contraire. En suivant certaines conditions, il est tout à fait possible d'offrir une vie sociale aux entiers comme le montre l'étude de Freymond et al. (2013), leur autorisant des interactions entre congénères pour leur bien être psychique et physique.

Le bien-être, c'est aussi l'absence de peur, de détresse et de stress. Même si le box peut induire du stress dû au confinement si les conditions sociales, physiques et alimentaires ne sont pas respectées, le box est aussi reposant pour le cheval car l'état de vigilance constante d'un éventuel danger dans son environnement en tant qu'animal proie est moindre. Il est d'ailleurs observé lorsque la paille est abondante, que les chevaux restent plus longtemps allongés, signe de confort et bien-être.

Il est donc bien évident que la restriction de nourriture, d'espace et des liens sociaux est néfaste mais ce n'est pas en cause le box en lui-même. Le meilleur environnement que l'on puisse donner à un cheval est un habitat varié et riche en espèces végétales présentant un box en libre service avec paille et foin ad libitum, et bien sûr avec des congénères. Il est parfois étonnant de voir à quel point certains chevaux ont le sens du confort et optent pour une sieste bien au chaud dans la paille, et quelque soit la race !

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