Sciences et
Savoirs Équestres

Un bon environnement pour son cheval ?

Il me semble important de rappeler quelques principes incontournables pour pouvoir donner à nos chevaux un environnement sain, correspondant à leurs besoins et non pas à nos désirs et facilités.

Si l'on regarde tout d'abord sa présence sur nos cinq continents, le cheval a su s'adapter à tous les climats et peut importe d'où se trouvait l'origine car l'on retrouve des races ou croisements à différentes latitudes. Que ce soit dans le froid polaire ou le désert, les chevaux sont capables de survivre sans l'homme, trouvant eau et nourriture par leurs sens bien développés. Il est vrai que cette faculté s'est réalisée par une sélection naturelle au cours du temps mais celle-ci ne s'exerce plus dû à la protection de l'homme et surtout à la reproduction de chevaux dont la sélection s'effectue majoritairement sur les capacités physiques et morphologiques. Il est donc important de faire la différence et de compléter les besoins qu'ils ne peuvent plus subvenir seuls, en tenant compte de l'intensité de l'encadrement et de l'individu en lui-même. Il est de notre devoir de convenir à une entraide réfléchie et personnalisée avec l'animal - comme il l'est décrit dans les chartes de comité d'éthique - face à ses signes comportementaux, physiques et physiologiques.

Il ne faudrait tout d'abord plus oublier que le cheval est un animal social, vivant au naturel en troupeaux étant donné son statut de proie pour pouvoir augmenter ses chances de survie. Bien que la domestication soit un événement clé dans l'évolution, les comportements sociaux restent inchangés, et n'ont pratiquement pas évolués génétiquement (seuls la morphologie et les capacités physiques et physiologiques ont été sélectionnées).

Ce comportement de troupeau, appelé le grégarisme, permet l'effet de groupe bénéfique pour la protection contre des prédateurs et la recherche de nourriture. Même si les formations de groupes peuvent être variables selon les conditions environnementales (par exemple dû à un manque de ressources), les chevaux s'organisent en société faisant preuve d'une réelle cohésion sociale, bien plus qu'un établissement d'une dominance hiérarchique qui dans ce dernier cas s'effectue dans la majorité du temps lors d'un appauvrissement de nourriture (Kiley-Worthington, 1999). Leur habitat reste alors primordiale et conditionne leurs comportements.

En toute suite logique et par bon nombre d'observations scientifiques, le confinement et l'isolement sont nuisibles au bien-être du cheval, augmentant les comportements agressifs et les stéréotypies (Heleski, 2002). Le box est-il alors négatif ou positif ? Un autre article est dédié à ce débat. Il en découle que la restriction de nourriture, d'espace et des liens sociaux est néfaste mais ce n'est pas en cause le box en lui-même. Le meilleur consentement reste de proposer un box ou abris en libre accès, et il peut être étonnant de voir certains chevaux passer des heures dans celui-ci à cause des insectes, de la pluie ou du froid souvent faute de ne pas avoir d'abris naturels.

Rappelant qu'un cheval est un herbivore monogastrique ayant un estomac de petite taille dont les sucs gastriques découlent en continu, lui impliquant une alimentation lente, fréquente et par petites quantités, il est donc important de respecter un fourrage ad libitum afin que le cheval puisse répondre correctement à ses besoins nutritionnels comme à son état naturel. Il fait aussi preuve d'auto-régulation et d'auto-phytothérapie et il est donc intéressant de préserver l'environnement en espèces végétales riche et varié.

Le point le plus important à respecter chez le cheval, est son lien social et donc la présence de congénères. Outre que le comportement grégaire soit apparu pour la protection en communauté, le contact physique fait partie d'un des besoins fondamentaux chez les chevaux. En effet, il permet la maturation et la stabilité psychique du cheval quelque soit le sexe. L'isolement fait apparaître des stéréotypies et des comportements aberrants, qui peuvent devenir parfois dangereux chez les étalons qui sont malheureusement mis à l'écart sur des soi-disants. Les entiers non sociabilisés deviennent frustrés (comme chez les hongres et les juments, mais ils restent plus sensibles psychologiquement à la privation sociale) et deviennent agressifs, difficilement manipulables. Ces observations ont été constatés notamment au haras national d’Avenches, en Suisse, et a décidé par la suite de faire l'expérience de mettre leurs étalons ensemble au pré comme il peut l'être observé au naturel (Freymond et al., 2013). Même si des comportements agressifs ont été répertoriés durant les premières minutes (ce sont les comportements de rituel qui sont majoritaires), aucune confrontation blessante a été enregistrée. Les étalons sont devenus sereins au bout de quelques heures et tous broutaient. Les interactions agonistiques ont significativement diminué au 3ème jour et les comportements d'affiliation augmentent sur les jours suivants. En suivant certaines conditions comme déferrer les chevaux et l'absence de juments à proximité, il est donc possible d'offrir une vie sociale aux entiers leur autorisant des interactions entre congénères pour leur bien être psychique et physique.

Par ailleurs, il est tout aussi observable l'importance des congénères dans leur quotidien notamment pour le jeu, et même d'un point de vue de l'hygiène, les chevaux se pansent mutuellement pour se débarrasser des saletés ou tout simplement pour se gratter aux endroits qui ne peuvent faire eux mêmes.

Pour en conclure sur la clef du bien-être, il ne suffit qu'aimer profondément ce compagnon fantastique instaurant une confiance réciproque, la douceur et l'affection à chaque instant. Il est parfois malheureux d'entendre que ce ne sont que des "bêtes à brouter", et qu'il ne soit pas encore reconnu universellement que c'est un être vivant doué de sensibilité, d'émotions et de sentiments. Seulement, les émotions et sentiments nous paraissent inexistantes puisqu'elles ne sont pas visibles à notre échelle. Ce sont des êtres faisant preuve d'une très grande subtilité dans leurs comportements. Aimer son cheval est une mise à nu, un engagement, une prise de conscience, et de rendre coûte que coûte son équidé heureux mettant de côté notre égo de cavalier. Cette sensibilité, synonyme de fragilité aussi, permet la garantie d'une relation de tendresse et de respect mutuel et un autre regard sur ce que la nature peut nous offrir de plus beau.

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